Bulle Du lundi 4 juin 2007

Je suis le cerveau malade de Jack.

Ou en l'occurence, celui de Chuck.

Chuck Palahniuk, que j'ose à peine propulser au rang de "romancier favori", tant j'ai peur qu'on y voit la preuve irréfutable d'une altération mentale naissante ou d'une perversion latente.

Chuck, dont la brutale folie et l'irraisonnable furie provoque l'indéniable frisson littéraire que mon quotidien nécessitait. Le malaise est palpable, la nausée n'est plus très loin et pourtant rien ne me ferait refermer le livre.

Pour les non-initiés, Chuck Palhaniuk, c'est le psychopathe derrière Fight Club, dont l'adaptation cinématographique de David Finscher est restée dans les annales du 7ème art. C'est le mec qui dans Berceuse nous invite à découvrir le conte africain capable de tuer dans son sommeil celui à qui il est sussuré. C'est celui qui déroule une vingtaine de nouvelles vicieuses, macabres, perverses dans A l'estomac et en fait la structure brinquebalante du récit claustrophobique de vingt pseudo-écrivains, se laissant volontairement enfermer durant trois mois et s'automassacrant dans l'optique de se fournir la matière première au futur classique de la littérature d'horreur qu'ils ont l'intention de produire...

En règle générale, c'est celui qui se cache derrière les plus inavouables travers humains, les transcende dans toute leur horreur et dans tout leur naturel. Car pour Palahniuk, l'homme est naturellement un loup pour lui-même, rendu monstrueux par les travers d'une société cynique et violente.

Ajoutons à ça une précision inébranlable dans ce catalogue de perversions, à la limite de l'encyclopédique et le malaise prendra une nouvelle dimension, bien trop réaliste.

Chuck, c'est celui qui a eu enfin tellement de mal à se faire publier et c'eût été une inconsolable erreur...

Je suis le cerveau malade de Chuck. A moins que Chuck ne soit mon cerveau malade ???

L'un dans l'autre, je m'y retrouve.

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Bulle Du samedi 2 juin 2007

Train-Train

Le Temps nous égare
Le Temps nous étreint
Le Temps nous est gare

Le Temps nous est train.

Prévert.


Je commence mal.

Je m'étais promis de ne pas tomber dans la métaphore classique et rabachée du train.
Néanmoins, force est de constater qu'elle a le mérite d'imager parfaitement le chaos quotidien de nos vies, dont je commence déja à ressentir les dangeureuses frustrations.

A titre personnel, du "Métro, Boulot, Dodo", c'est souvent dans le Métro que je ressens le plus le poids de ce train-train quotidien., alors que j'y gaspille mes plus belles heures de la journée.

Le poids de ce nouveau costume professionnel est finalement plus lourd à porter que prévu. La cravate est bien plus serrée qu'elle n'y paraissaît au premier abord. Alors certes, on prend une dimension supplémentaire alors qu'il nous est permis de restituer une partie de son potentiel. Mais cette restitution est toujours limitée par les autres, par le poids administratif de nos univers professionnels. Démythification d'utopies de jeunesse.

Le malaise était à prévoir, tout du moins je l'ai vu arriver en gare : La brutale transition de la routine universitaire, où l'intellectualisation à outrance portait déja son lot d'insatisfactions, à la routine professionnelle, où les idéaux professionnels forgés sur les bancs de la fac s'effritent légèrement était obligatoire.

Ajoutons à ça l'impression croissante de s'être laissé happé bétement par le systême, qui aura finalement réussi à faire de nous ce qu'il voulait tout en nous laissant l'insatisfaction de croîre que nous sommes les euls responsables...

Alors, quoi ? On est condamnés à survivre en apnée, avec à peine quelques bouffés de fraîcheur quotidiennes? Métaphore de la noyade.
Tout cela me semble bien court.

D'aucuns répliqueront à ça que la routine n'est jamais une fatalité, que nous faisons de nos vies ce que l'on veut en faire. A nous de bousculer les conventions, d'accélerer le rythme et de passer à l' "avion-avion quotidien", afin que cette vie en transit n'arrive pas trop vite à la fin du voyage. Métaphore de l'avion. Attention au décollage. Attachez vos ceintures.

Facile, trop facile à dire...

D'aucuns diront que c'est la croix de nos humanités accomplies qui survivent par le biais de ces mêmes conventions sociales qui nous cloitrent. Que la hauteur d'un immeuble suppose de solides fondations. Métaphore du batîment. Casque Obligatoire, Immeuble en ruine...

D'aucuns m'opposerait une éternelle insatisfaction, et j'aurais tendance à donner plus de crédit à ceux-ci. Après tout, s'il était de la survie de notre espèce de ne pas savoir se contenter de ce qu'on a, comment pourrais-je faire autrement ?

Ou alors n'ai je pas encore subi assez de tempêtes et de ressacs pour m'éroder suffisament ? Arrivera-t'il un jour où je me serais suffisament frotté aux éléments pour gommer toutes ces aspérités et présenter le même aspect lisse que ces vieux granits vissés à leur bureau ?

Métaphore de la pierre.


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